Le caramel focalisa tout le sucre qui lui restait pour se concentrer. Il se concentra si fort que le chapeau en ressentit une légère décharge d’énergie sucrée. Malgré sa taille il avait un esprit, et puis…il fallait bien que tout ce sucre serve à quelque chose.
- Bon, ça y est ? Ta molle cervelle a pu enregistrer ?
- Ca va, ça va, on est pas vraiment pressé par le temps que je sache. Il va pas s’enfuir ton matelas!
- Ca, t’en sais rien, les objets les plus inanimés peuvent nous surprendre…
- Tu te souviens de ce qu’il faut faire ?
- J’suis pas débile non plus. Ca va, j’arrive quand même à retenir qu’il faut tourner comme un con pendant des heures en pensant à un matelas pourri ! ! ! Enfin… Tout n’est pas perdu…
Tout n’était peut-être pas perdu en effet, du moins pour quelques instants encore.
- C’est qu’un essai de toute façon, tout devrait bien se passer. Tant pis si on rate.
- Ca je m’en doutais! tu t’es laissé enivré par le vent, c’est fréquent au début. C’est un fourbe ce vent. Tu crois que tu contrôles et tu contrôles plus. Y a que lui qui sait. Et encore. Bon. Tu t’remets maintenant ?
Silence absolu du côté sucré.
- Tu vas pas faire ton cinéma non plus! C’est bon. Allez! C’est pas un galet qui va te tuer quand même ?
- Ca commence! On n’a même pas bougé jusqu’au rocher que déjà il fait sa tragédienne! Allez… Quel aventurier tu fais? A peine envolé tu te fracasses avant la fin du voyage… tu veux un éloge funèbre ou quoi ? Si t’as résisté au bounty, à la sucette, c’est pas pour rien, c’est pas pour finir comme ça !
Au son de ces paroles, ou à l’aide d’une quelconque grâce, le caramel retrouva ses restes d’esprit et frémit alors de frayeur. Il ne savait plus où il était, il avait un peu la nausée. Ces derniers moments
Il vit le matelas et se souvint alors de tout. Le calme, le voyage, la transe.
- J’suis pas très bien là… il fait froid…
- Ca fait toujours ça le premier voyage. On va se reposer, on continuera plus tard, je crois qu’on pourra se réchauffer avec le matelas, il n’a pas l’air bien méchant …