mercredi 28 janvier 2009

épisode cinquante-quatre

- Appelle là comme tu veux, mais est-ce que t’as au moins l’ombre d’une idée pour lui redonner de la force ???
- Je dois t’avouer que je n’y ai pas pensé. Je ne croyais pas qu’elle avait autant perdu…
- Tu ne vas pas me dire que tu n’as pas réfléchi avant à ce que nous devrions faire !? Toi le décideur, le chef de troupe, celui qui a toujours un plan caché dans sa paille, tu dois bien savoir ce qu’il faut faire !
- Ben, pas vraiment… Je… t’as pensé à quelque chose, toi ? Je ne vois pas pourquoi je serais le seul à avoir des plans, je…
- Chut ! t’entends ??? Y a un truc qui monte les escaliers!
- N’essaie pas de feinter pour échapper à la question! Je n’entends rien du tout, tu rêves mon gars…
- J’vous dis qu’il y a quelque chose qui monte les escaliers! Il ne fait pas trop de bruit mais je l’entends, j’en suis sûr!

L’Insoumise sembla entendre elle aussi et, sans mot dire, elle leva sa blanche carcasse et se dirigea doucement vers la porte. Elle chuchota.

- Personne ne vient ici… c’est plus léger qu’un virtua-cop…

Le chapeau se tut mais n’en pensait pas moins, il savait ce que c’était.
Cléophée ouvrit lentement la porte, son maigre poing serré comme pour combattre un monstre, et le chat apparut, le poil légèrement hérissé. Elle resta interdite et il ne s’approcha pas d’elle.
Il ne la regarda même pas, certainement à cause de la peur qu’elle lui inspirait, et se tourna plutôt vers les deux objets qu’il connaissait.

lundi 19 janvier 2009

Episode cinquante-trois

Les chapeaux aiment les chimères, surtout quand il ne reste que ça: ils s’y accrochent comme certains adultes à leurs rêves d’enfants, et rien au monde ne détruit un tel espoir.


- Je… Je suis sûr que ça peut revenir, je ne serais pas ici sinon! Il y a bien un moyen, quelque chose à faire pour que tu retrouves tes capacités! Tu ne serais pas restée en vie si tu n’avais pas, bien enfouie au fond de ton désespoir, cette légère espérance…

- Tu es bien naïf, chapeau…Je te le répète, on n’est plus le même lorsqu’on a tout perdu. Je ne sais même pas si j’aurais pu détruire l’Omphalon autrefois, alors ce n’est pas aujourd’hui que ça va être possible…

- Si, c’était possible et ça l’est encore. Si tu n’y crois plus, il y en a qui croient pour toi, tu ne peux pas l’empêcher…

- Vraiment, tu es impressionnant, chapeau! Mais tu me fatigues aussi… je n’ai jamais trop aimé les gens d’un optimisme à toute épreuve, ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer!

- Mais je ne suis pas optimiste, tu me connais mal ! Demande au caramel…

- Ben… on peut pas dire que tu sois foncièrement pessimiste non plus… avec tes leçons de carpe diem et tout ça, avoue que depuis le début de Virtua-world tu es le plus optimiste de nous, sinon, comme tu dis, on ne serait pas là…

- Bien sûr! Je ne devrais pas te demander ton avis, c’est sûr que toi, la philosophie ça ne te dit pas grand’chose!

- Je n’y suis pour rien, je ne suis qu’un caramel après tout, tout le monde n’a pas le privilège d’être crée chapeau comme môssieur…

- Oh, ça va… De là à dire que je suis un optimiste-né… Décidément, personne ne me comprendra!


L’Insoumise-impuissante avait de plus en plus de mal à leur « parler », mais cette ridicule querelle, qui faisait désormais partie du quotidien de ce couple étrange, lui apporta néanmoins un léger sourire. Le caramel, quant à lui, avait décidé de ne pas la fermer…


- Mais, quand même, chapeau, ton optimisme peut nous servir… Tu as bien une idée pour essayer de redonner ses pouvoirs à cette fille!

- Elle s’appelle Cléophée, il serait temps qu’on l’appelle par son prénom…


L’Insoumise fut surprise par ce souvenir d’un prénom qu’elle avait déjà oublié mais n’eut pas la force de répondre.

lundi 12 janvier 2009

Episode cinquante-deux

Mais tous les chapeaux- et celui-ci en particulier, font preuve d’un entêtement impressionnant, peut-être à force de vivre sur des têtes humaines.


- Mais… Tu ne peux pas rester ainsi! Je sais la souffrance que tu as connue, mais… ces livres, tous ces auteurs devraient te redonner espoir!

- Je n’ai pas le choix… Justement, tu vois tous ces livres ? Voilà tout ce qu’il me reste à faire : les lire et les relire, descendre tous les soirs crier mon désespoir à une mer qui n’en a certainement plus rien à faire… une vie bien monotone… je ne suis plus une Insoumise, mon cher, je suis une impuissante… ils doivent être contents ces salauds!

- Je ne comprends pas pourquoi tu as autant de livres alors qu’ils sont interdits depuis la création de virtua-world…

- Oh, c’est un « cadeau »! Un virtua-cop avec des restes d'humanité, me les a proposés si j'acceptais ses avances.

- Et… tu… tu l’as fait ???

- Eh oui mon vieux… ton Insoumise n’est plus ce qu’elle était ! Quand on a tout perdu, coucher pour des livres paraît bien dérisoire! Alors, tant qu’à faire… Mon corps m’importe peu après ce qu’il a subi. Vous me pensez vivante mais je suis déjà morte… Je suis désolée de vous décevoir…


La déception était un terme bien faible pour décrire la sensation du chapeau. Tous ses rêves s’effondraient au milieu de cette poussière et il était lui-même impuissant à endiguer ce phénomène. L’Insoumise n’était effectivement plus la même. Son intégrité, son humanité même était souillée par ses frères humains, et les possibilités de redevenir celle qu’elle était n’étaient que chimères…

vendredi 9 janvier 2009

Episode cinquante et un

Elle s’allongea de nouveau, illustrant cette fatigue. Elle ne « parlait » plus.

Le chapeau refoula la déception qui pointait en lui et occupa ses restes d’amour à avoir de l’espoir.

- Mais, si on t’aide, tu parviendras peut-être à retrouver tes pouvoirs!
- Ta supposition pose deux problèmes. Tout d’abord vous ne pouvez pas m’aider… Ensuite, je ne vois pas à quoi me serviraient mes pouvoirs puisque Virtua-world a entraîné l’ensemble des humains…
- Non, justement! Il en reste quelques uns qui ne sont pas encore dans le virtuel, ils sont en attente...
- En attente d’aller dans Virtua-world, et ils vont y aller, je ne peux rien pour eux!
- Je n'en suis pas si sûr.
- ...
- Je me disais qu’avec tes pouvoirs et tes connaissances en informatique tu pourrais peut-être faire sauter l’Omphalon à distance…

Lacrima éclata de rire, ce qui évidemment ne lui était plus arrivé depuis longtemps.

- Faire sauter l’Omphalon ! Vous avez de beaux rêves dites- moi! Je suis bien incapable de faire ça. Je ne vois pas à quoi ça servirait en plus puisque la plupart des humains y sont perdus…
- Pour ceux qui n’y sont pas encore…
- Ca, c’est la meilleure, je ne m’attendais pas à un tel discours de la part d’un chapeau ! Qu’est-ce que tu en as à faire des humains ? Pourquoi les sauver si ce sont eux qui ont voulu se perdre ? Le seul qui comptait pour moi est mort. Je n'ai pas envie de sauver des restes d’humanité moi…

Le chapeau allait de déception en désillusion, il ne s’attendait pas à une telle réaction. Lui qui méprisait les hommes se trouvait dépassé par une humaine dans sa haine: il ne croyait pas que c’était possible.
Ces salauds avaient tout détruit chez cette fille, les pouvoirs de l’homme dépassent l’entendement.

dimanche 4 janvier 2009

Episode cinquante

Elle reposa le chapeau et s’assit de nouveau pour faire face aux deux aventuriers. Elle mit sa tête entre les mains avant de les considérer d’un air interrogateur. Une lueur, lointaine, imperceptible, vacilla au fond de son regard. Une discussion s’établit alors, mais une discussion sans paroles, une discussion télépathique.

L’Insoumise était particulièrement douée en télépathie et en télékinésie du temps de sa vie heureuse. Elle avait compris que les objets avaient une âme, elle parvenait à les faire bouger et à communiquer avec eux, le chapeau s’en souvenait.

Elle se concentra donc du mieux qu’elle put et se mit, par la pensée, à les questionner, sans être sûre que ça remarche…


- Que faites-vous là ? Je ne vous ai jamais vus. Ce sont les virtua-cops qui vus ont amenés ici ? Je ne les ai pas vus…

- Nous sommes venus tous seuls, Insoumise. Tu ne te souviens pas de moi ? Le chapeau de ton fiancé, Hadrien…

- Hadrien… Hadrien est mort, c’est tout ce dont je me souviens!

- Mais, voyons, tu m’as porté plusieurs fois !

- Peut-être… Il avait en effet un vieux chapeau de paille… Et ce caramel ???

- Je… Je l’ai récupéré sur la plage, c’est lui qui m’a aidé à venir jusqu’ici…

- Et vous êtes venus pour quoi exactement ???

- C’est un peu délicat… On voulait t’aider.

- M’aider !!! Un caramel et un chapeau qui veulent m’aider !!! Mais, m’aider à quoi ? J’ai tout perdu, je n’ai plus besoin d’aide… m’aider à me suicider peut-être, mais je ne ferai jamais ce plaisir à ces charognards, ils peuvent me laisser enfermée ici éternellement, je ne me suiciderai pas, plutôt crever !!!

- Je… Tu vas nous trouver un peu fous, mais on voulait vraiment t’aider, on ne serait pas venu sinon.

- Je ne vois toujours pas à quoi vous pourriez m’aider…

- Ben… Je sais que tu es fortiche pour tout ce qui est télépathie, contrôle d’objets à distance…

- Tu parles d’un temps révolu! Je n'étais en effet pas mauvaise, quand j’étais heureuse. C’est d’ailleurs à cause de ces pouvoirs que ces salopards m’ont enfermée ici… Mais maintenant c’est fini!

- Tu… Tu veux dire que tu n’as plus aucun pouvoir ???

- Disons que ces pouvoirs sont quand même liés à mon état. Quand j’étais heureuse ils étaient élevés, aujourd’hui ils ont quasiment disparu. J’arrive à peine à communiquer avec vous par la pensée, cela me fatigue beaucoup plus qu’avant…

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