lundi 4 mai 2009

Epsiode 71

Le caramel n’en revenait pas : pour la première fois le chapeau se trouvait con, et il l’affirmait, ce qui était plutôt inquiétant.
Savoir qu’il n’était pas un caramel lui faisait l’effet d’un électrochoc: il avait l’impression que sa vie n’était qu’une immense supercherie. Il avait l’impression de mourir.

- Et… ma sucette ?
- Ben… c’est juste un bâton et un bout de plastique.
- Super!

La répartie du caramel qui n’en était plus un était anéantie par cette vérité. Un silence grave s’installa entre eux, le calme légendaire de Virtua-world n’en était que plus inquiétant.
Le chapeau aurait bien donné toute sa paille pour éviter ce sacrifice mais il ne pouvait le dire : la paille n’avait jamais réconforté les humains.
L’Insoumise, quant à elle, s’en voulait de faire souffrir. Au fond d’elle, elle s’en foutait un peu de l’avenir de Virtua-world. Elle se foutait de tout; ses semblables lui avaient ôté toute envie.
Elle puisa au fond de sa carcasse assez de force pour parler mais sa voix n’était qu’un murmure; elle s’épuisait de minute en minute. Il se passait trop de choses autour d’elle.
- Tu sais, caramel, je m’en fous pas mal de faire sauter l’Omphalon. L’homme a choisi de vivre dans le virtuel, je ne vois pas pourquoi je l’en empêcherais. C’est vous qui voulez à tout prix trouver une solution, il ne faut pas vous plaindre lorsque je vous l’annonce. Je ne sais même pas si ton sucre me donnera assez de force pour commander l’Omphalon. C’est une solution faillible, mais c’est la seule.
- Si tu ne crois pas à la destruction de l’Omphalon, si tu n’en as même pas l’envie, ce n’est pas la peine d’essayer!
- Tu parles d’un mot que je ne connais plus, l’envie… Même l’envie de mourir m’a quittée. Quant à l’envie de manger ce caramel, je dois avouer qu’elle est purement physiologique.
- Donc ce n’est même pas la peine de me manger puisque tu n’as pas au fond de toi la volonté de détruire Virtua World!
- On est là pour tenter, nous n’avons plus le choix. Je suis sûr que nous pouvons te redonner la force, te rendre heureuse à nouveau…
- Retourner dans le passé me rendrait heureuse. Revoir Hadrien, être dans ses bras, sentir son odeur… Rire avec lui du cours du monde, l’écouter jouer de la musique, danser, faire l’amour… Si je pouvais revivre tout cela, ne serait-ce qu’un instant, si je pouvais lui dire au revoir dignement, alors je crois que je serais heureuse. J’exploserai tout ce que vous voudrez, aucun problème. Mais j’ai l’impression que ces souvenirs ne m’appartiennent déjà plus…

Elle sourit faiblement à l’évocation de ces moments oubliés.

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