lundi 24 mars 2008

épisode trois

Le résultat était surréaliste : un chapeau, sur une plage déserte, semble s’agiter malgré lui et sans vent, comme si une bête était coincée dedans et cherchait à en sortir. Ayant enfin le silence, le chapeau se remet à parler…

- Là c’est toi qui fabules, je ne t’ai jamais promis tout çà! Je t’avais dit peut-être. Peut-être qu’on nous retrouvera un jour et qu’un illuminé aura l’idée d’écrire un livre sur nous, derniers vestiges de la vie de vacances. Mais je t’avais dit aussi qu’il y avait un risque. Le risque qu’on nous oublie, qu’on nous abandonne. Mais toi t’étais tellement jeune et ensablé que t’as juste entendu ce que tu voulais entendre… un comportement typiquement humain d’ailleurs ! Tu vas finir par devenir aussi con qu’eux. Alors que moi je suis un couvre chef, et donc un chef. Je suis le chef de moi-même, moi, monsieur ! Donc quand je prends une décision, même si c’est risqué, je ne fais pas porter le chapeau aux autres, moi ! C’est ça l’instinct de l’aventurier : la liberté assumée ! Mais tu es peut-être trop jeune encore pour comprendre tout ça, j’aurai du me douter que tu me saoulerai avec ça… Profite un peu, plutôt que de râler… T’es pas content d’être là tranquille, sans armada de mioches qui nous maltraite? Ce calme… Ecoute la mélodie des vagues, bien plus agréable que celle des humains… Carpe diem mon cher, carpe diem… Un tel calme, j’attends ça depuis des années !!!

D’un bond surpuissant pour un caramel, le prisonnier fit basculer le chapeau pour reprendre la parole :

- Ca fait déjà trois jours qu’on l’entend cette harmonie de merde, je m’ennuie moi maintenant!!! Combien de temps ça va durer encore ? Moi ils me manquent quand même les mioches, les chiens, tous ces gens. J’aurai bien aimé recroiser cette jolie sucette vanille fraise en plus, j’avais l’air de lui plaire. Elle reviendra pas elle non plus…
- Bon, tu me gaves. Maintenant c’est la sucette de monsieur, alors que sur le moment tu la trouvais trop chimique à ton goût… Toi, le grand caramel au beurre, s’unir avec une vulgaire sucette ! Je te revois l’ignorer alors qu’elle t’appelait de son bâton. Et maintenant c’est l’amour de ta vie ! Tu vois bien que tu dis n’importe quoi ! Arrête le sable mon gars, ça te réussit pas…
- Ouhais, OK, je délire… Mais toi qui a réponse à tout, tu peux me dire ce qu’on va faire maintenant tous les deux, avant qu’on finisse par s’entretuer ?
- Ben… on peut se balader, aller voir un peu s’il y a d’autres sombres héros de la mer qui errent sur cette plage… on sait jamais, et si d’ici trois jours personne n’est revenu je saurais ce qu’il faut faire, je te le dirais demain…
- Ah! Ah! la meilleure blague de l’année ! c’est toi qui hallucines maintenant… qui veux tu qu’on rencontre ? Ils sont tous partis, ils ont tout embarqué, j’te dis… à cause de cette connerie. Pff… j’aurai jamais cru que l’homme soit con à ce point, même si j’y étais un peu préparé…Y a plus personne, j’te dis! plus personne qui trouvera une quelconque utilité à un pauvre caramel, encore moins à un vieux chapeau!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

kool, d'ici que le caramel se retrouve collé sous la semelle d'une chaussure !!!! le changement de forme entrainerait-il une évolution dans la philosophie du caramel ou du chapeau qui observe d'en haut ???
ka