jeudi 3 septembre 2009

Episode 94

Aussi, lorsque l’alarme retentit dans sa chambre, il n’eut pas besoin d’écouter le message : il savait qu’il s’agissait d’elle.

Mélan courut jusqu’à l’Omphalôn, le seul enfant qu’il eut jamais, un enfant de la haine. Il arriva essoufflé devant la bête, son vieux corps lui rappelait qu’il était tristement humain. L’Omphalôn était incandescent. Mélan avait lui aussi été télépathe, mais il s’était lui-même ôté ces pouvoirs car les objets ne l’aimaient pas. Alors que les pouvoirs de Cléophée étaient guidés par l’amour, ceux de Mélan ne manifestaient qu’un mépris vis-à-vis des objets, et ces pouvoirs s’étaient plusieurs fois retournés contre lui. Notamment lorsqu’il avait tenté, par la pensée, de faire s’envoler le flingue que son père tenait entre ses mains.

Il n’avait donc plus vraiment de pouvoir sur l’Omphalôn, ce dernier était devenu autonome au fil du temps.

Mélan le regardait, terrorisé.

Il sentait la fin de son enfant approcher, il ne pouvait rien y faire. Même s’il n’était pas connecté, il voyait lui aussi le visage de Cléophée et cette vision le tétanisait.


L’Omphalôn n’en pouvait plus. Il portait en lui la misère humaine et n’en supportait plus le poids.

Même s’il était le fruit de son travail, il n’avait jamais aimé Mélan: il s’y était juste soumis, docilement, comme un objet sans vie se soumet à l'humain.

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