jeudi 5 juin 2008

épisode quatorze

- Eh bien, explique moi alors, raconte moi ta fameuse expérience, puisque tu parais en savoir si long sur la question!
- Je ne sais pas si tu es au courant, mais on a un voyage à entreprendre et je viens de me concentrer pendant une demi-heure pour m’y préparer. Ce n’est peut-être pas le moment pour que je te raconte ma vie, nous avons mieux à faire, me semble-t-il…
- Il a raison – interrompit le matelas, qui jusque là s’était tenu silencieux- vos discussions sans fin ralentissent votre départ. Si vous ne partez pas dès maintenant, il faudra remettre ça à demain… et ça vous fera une journée de perdue!
- Si on t’ennuie, tu peux le dire franchement – le caramel bouillonnait d’une colère toute adolescente– Qu’est-ce qu’on en a à foutre d’une journée de perdue ? Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, on est
seul… et il semble peu probable que quelqu’un ou quelque chose nous attende quelque part. Alors, je vois pas ce qui pourrait nous presser. Vous me gonflez, tous les deux! Dès qu’une conversation devient intéressante, il faut la stopper pour partir, pour notre pseudo-mission, dont nous sommes les seuls au courant… Ah ! vous me faites bien marrer, tous les deux, avec vos leçons de vie… Entre l’un qui est à moitié dépressif, et l’autre complètement schizophrène, à ne pas savoir s’il déteste les humains ou s’il les adore, franchement, me voilà bien loti !!! Je répète que je n’avais rien demandé, moi. J’ai pas choisi, d’être abandonné pour participer à votre croisade stupide. Si j’avais su…

Les larmes commençaient à lui monter. Il n’en pouvait plus. C’est fragile un caramel, faut pas croire… Il tourna le dos pour leur cacher son désespoir, et fit un minuscule bond pour s’éloigner.
Le chapeau et le matelas étaient interloqués, un peu blessés aussi, par ces paroles cruelles mais pourtant vraies. Le caramel venait de leur renvoyer tout leur malaise au visage. Ils restèrent un moment silencieux, ne sachant que faire face à une telle détresse. Ils étaient aussi mal l’un que l’autre.

Une brise légère se mit à frémir, un énorme nuage blanc vint masquer le soleil, comme pour illustrer les paroles du caramel.

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