mardi 30 décembre 2008

Episode quarante-neuf

Ils restèrent longuement sans bouger, juste à observer le fameux espoir qui se tenait sur son lit de fortune. Le caramel était choqué par son apparence famélique; il n’avait jamais vu un humain aussi maigre, aussi pâle. Il n’osait pas le dire mais elle lui faisait peur: il avait l’impression qu’elle était déjà morte. Le chapeau se rendait compte lui aussi de l’ampleur du désastre. Le chat et le tapis ne leur avaient pas mentis: l’Insoumise avait l’air complètement éteinte, ou folle.

Mais ils n’avaient pas fait tout ce chemin pour rien, il était trop tard pour ne rien tenter.
Alors, après une phase d’observation -qui s’apparentait plus à de la contemplation de la part du chapeau, ce dernier décida de s’avancer dans le champ de vision de l’Insoumise, au risque de la choquer.

Il bondit donc au milieu de la pièce, à la grande surprise du caramel, qui sursauta. L’Insoumise, elle, ne broncha pas et sembla ne rien remarquer, ce qui fendit le cœur du chapeau. Elle poussa juste un long soupir avant de s'allonger lentement. Le chapeau ne se laissa pas déstabiliser par cette indifférence et s’avança jusqu’à cette dernière humaine, qui commençait à fermer les yeux.
Il l’effleura de sa paille. Elle referma aussitôt sa main sur son bord, avec les maigres forces qui lui restaient. Sa voix n’était qu’un murmure rauque, avec des restes d’une jolie voix tout de même.

- Un chapeau… Ca y est, je commence à me taper des hallucinations!!! Ca ne s'arrange pas! Salut chapeau! Je te touche, pourtant, tu parais bien réel…

Le chapeau resta sans voix. Elle le tenait dans ses mains. Enfin! Quel bonheur, quelles jolies mains!
Le caramel, un peu moins effrayé, décida lui aussi de bouger jusqu’à elle.
L’Insoumise, ou Lacrima, ou Hystéria, comprit alors qu’elle n’hallucinait pas. Elle savait que les objets pouvaient bouger et que ces deux-là n’étaient pas le fruit de son imagination détraquée.

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