vendredi 7 août 2009

Episode 87

L’Omphalôn ne comprenait pas vraiment ce qui lui arrivait : il découvrait les charmes du dialogue par télépathie. Ces voix l’enivraient en douceur, lui qui était à l’origine de la déchéance humaine.

Le frêle corps de Cléophée se maintenait dans les airs. La lumière argentée formait alors un rayon fulgurant qui traversait les vagues jusqu’à l’Omphalôn. La foudre s’abattit sur cet éclair et provoqua une profonde décharge vers le monstre grouillant.

A l’autre bout des rochers, bien loin du phare, une armée de Virtua-cops s’apprêtait à charger. La brutalité de ces éclairs les arrêta un instant. Etant à moitié droïdes, les Virtua-cops craignaient par nature les éclairs ou les trop grosses sources d’énergie : ils pouvaient facilement être court-circuités. Ils étaient également reliés à l’Omphalôn par une connexion interne. Un système électronique (planté dans leur ancien cerveau) au code à mille chiffres constituait leur cordon. Leur inconscient, formaté, répétait inlassablement le code vital. Ils ne s’en rendaient même pas compte, et ce système sinueux les asservissait chaque seconde un peu plus à l’Omphalôn. Un Virtua-cop dont l’inconscient ne répétait plus le code était un Virtua-cop mort.

Cette masse sombre de robots anciennement humains se tenait en silence devant le premier rocher. La main sur leur faisceau pompeur d’énergie, aucun d’eux, ni même leur chef, n’osait bouger.

Ils furent les premiers connectés à ressentir un choc; une étrange sensation de flottement s’emparait d’eux. Leurs mains se crispèrent, leurs sens artificiels étaient aux aguets. Ils pressentaient un danger, les chiffres commençaient à s’agiter dans leur inconscient.

A l’autre bout des rochers, Cléophée s’épuisait à interpeller l’Omphalôn. Ce dernier, choqué par ce qu’il entendait, découvrait l’être humain sous un angle nouveau, et ne comprenait toujours pas ce qui lui arrivait. Il n’était pas programmé pour ressentir une quelconque empathie pour les hommes. Aussi il fut surpris lorsqu’il pleura à l’intérieur. Il ne savait pas pourquoi il pleurait, mais Hadrien était en train de le convaincre de l’utilité des hommes.

En imaginant les anciens hommes grâce aux esprits de Cléophée et Hadrien, l’Omphalôn ressentit, aussi surprenant que cela puisse paraître, une forte nostalgie : il commençait à regretter les anciens hommes alors qu’il ne les connaissait pas.

Tous les connectés de Virtua-world sentirent que quelque chose n’allait pas: leur vie virtuelle se suspendait, des souvenirs d’un temps ancien surgissaient.

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