dimanche 6 juillet 2008

épisode vingt-et-un

- Bon, vous arrêtez, un peu, de marmonner ainsi... L'heure est grave, mes amis. Avec tout le respect que je vous dois, je vais vous abandonner ici. J'ai été heureux, en tout cas, de vous rencontrer, merci encore...
- Putain, mais qu'est-ce qu'il nous fait, là? Il nous lâche, comme ça, d'un coup, alors qu'on vient de lui sauver la vie!!!
- ... Hmmm... Il est déjà passé de l'autre côté. Une partie de lui est revenue, mais une autre est restée dans l'autre monde, ses rayures sont restées dans le monde des ombres si tu préfères.
- Comment ça!? Tu ne m'avais pas trop dit qu'un voyage pouvait rendre taré! Il a l'air si las!
- Mais non, tu ne comprends rien, c'est toi qui me rend las à la fin! Il est heureux, voilà pourquoi il a cet air absent... Après ce qu'il a vu il a hâte de repartir. Il a enfin accompli son rêve, il nous l'a dit en plus! Seulement tu es trop occupé à geindre sur ta petite personne pour entendre les autres!
- Non, mais c'est moi qui rêve là, c'est toi qui me dis ça, monsieur "tout le monde se tait quand je parle"!
- ... Oh, ne la ramène pas s'il te plaît... je ne suis pas un boulet, moi!!! Enfin bon... Je... le matelas! Il est plus là!!! Il est en train de partir!!! Regarde là-bas!
- Ah oui! Quand même... il aurait pu rester un peu, faire des adieux plus solennels puisqu'on ne le reverra plus...
- Il est déjà ailleurs, je te l'ai dit... Il n'est plus avec nous, il nous a oubliés, on n'existe plus dans son monde. Paix à ton âme, matelas. Sans toi, nous n'aurions sûrement pas pu arriver jusqu'ici. Que le vent et la mer te portent là où tu veux... Tu feras partie des derniers héros. Nous ne t'oublierons pas...
- Oh là, ça va, ça va... Il est parti, tu l'as déjà dit. Tu nous fais quoi, là, un éloge funèbre???
- Ah oui... J'avais oublié que j'avais affaire à un être dépourvu de sensibilité, un être pour qui le respect de ceux qui ne sont plus là ne veut rien dire!
- Ne dis pas n'importe quoi, non plus! J'ai du respect pour ce matelas, je lui serais éternellement reconnaissant pour ce qu'il a fait pour nous... Mais on n'a peut-être pas besoin de faire un discours de prêtre non plus!
- Ah là là, tout se perd. Ca me fait de la peine quand même. J'aurais bien aimé qu'il continue le voyage avec nous. Il nous empêchait presque de nous disputer quand même...
- Bon, il est parti, il est parti... On ne peux pas y faire grand'chose... On va pas se lamenter pendant des heures sur son sort. Il est heureux, après tout, c'est toi qui me l'a dit !
- Oui, bon... Voyons voir... On va s'abriter derrière ces rochers pendant la nuit. On va se caler, on continuera notre route demain...
- Notre route vers où? Tu le sais au moins?
- Ecoute moi bien... Et regarde un peu... Tu vois, là-bas, tout au bout des rochers...
- Euh... oui, on dirait un phare.

Aucun commentaire: