jeudi 9 avril 2009

Episode soixante-trois

Le caramel se creusait la tête. Lui, ce qui l’aurait rendu heureux, c’est de revoir sa suave sucette mais il savait bien que ce n’était pas le moment. C’était elle qu’il fallait rendre heureuse, pas lui.
La chaleur qu’ils dégageaient s’intensifia tout au long de la nuit. Les trois aventuriers non-humains réfléchissaient encore lorsque la lueur du jour vint augmenter cette chaleur. C’était le matin et aucun des trois, malgré toute la volonté que chacun y avait mis, n’avait trouvé de solution.
Lorsqu’elle ouvrit les yeux, l’Insoumise regarda le caramel; les souvenirs de la veille lui revinrent. Sans mot dire, elle se leva et prit un verre sale qui traînait à côté de sa couche. Elle ouvrit une capsule siglée Virtua-World (les objets fabriqués par et pour Virtua-World étaient évidemment sans âme) qui traînait là elle aussi; elle en sortit une gélule argentée qu’elle mit dans le verre. Aussitôt, grâce à la merveilleuse technologie de Virtua-world, le verre fut rempli d’une eau bleutée. Elle la but lentement.

Le chapeau était désespéré de n’avoir rien trouvé. Quant aux deux autres ils étaient trop fatigués par leur nuit de veille pour éprouver ce désespoir.

- Alors, vous êtes toujours là ? Vous n’avez donc pas abandonné cette quête vaine ? Au moins, vous me faites un peu de compagnie, c’est déjà ça! Mais vous feriez mieux de repartir… Votre place n’est pas ici. Vous devriez fuir, chercher s’il existe ailleurs une zone qui n’est pas contaminée par Virtua-World, qui sait…
- Voilà un discours surprenant, Insoumise. Toi qui ne crois plus en rien, surtout en l’humain, tu nous parles d’un monde qui ne serait pas encore perverti par cette technologie omnipotente ? Avoue que c’est assez inattendu!
- Je ne sais si cet endroit existe, mais je sais que vous ne pouvez rien faire pour moi, vous perdez votre temps!
- Ok, on partira s’il le faut… Mais quand même… Je suis sûr que tu ne nous dis pas tout. Réfléchis bien, il existe encore quelque chose qui, aujourd’hui, te rendrait heureuse, nous en sommes certains!

L’Insoumise éclata d’un rire effrayant à la remarque du chapeau, puis le rire se transforma en sanglots, en soubresauts larmoyants. Elle n’était plus humaine. Aucun humain ne pleurait comme ça. Elle n’était qu’un tas de spasmes silencieux. Elle enfonça ses ongles dans son crâne, une goutte pourpre apparut sur les cheveux d’argent, puis elle se roula en boule au pied de son matelas. Elle leur tournait le dos; elle n’avait plus conscience qu’ils étaient là. Elle-même n’était plus là: elle était nichée au fond de sa désespérance, au fond de son gouffre…

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